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AGNES GUYENNON
30 septembre 2023

Playa Anco, Trinidad, Cuba

Playa Ancon 

         La navette quitte la route et file lors sur une voie plus étroite qui devient chaotique par endroits après La Boca, la mer en filigrane à l’horizon.

         Quand le petit bus qui relie Trinidad à la Playa se gare et nous libère de l’emprise du métal où nous étions bien serrés.

         Voilà cette mer des Caraïbes tant convoitée. L’eau s’ourle avec douceur aux abords du sable fin, très fin. La température est telle que le corps s’acclimate très vite et n’aspire qu’à pénétrer ce bleu ondulé.

         Une végétation rampe, garnie de petites fleurs, entre sable et terre. Les palmiers s’élancent éparses.

         Il a oublié la sensation oppressante du trajet, juste il savoure le calme où se glisse la musique des flux et reflux langoureux des vagues et le crissement tout en finesse du sable sous son corps. Et le temps semble suspendu !

         Lorsque la lumière devient plus piquante et que les nuages noirs s’amoncellent sur l’horizon, il retourne alors à l’arrêt et s’abrite sous un flamboyant. Un lézard d’un vert et d’un bleu intenses se fige dans le mouvement, un clignement des yeux et hop poursuit son ascension plus haut sur la branche.

TRINIDAD (13)TRINIDAD S (26)

         Il commence à pleuvoir et la navette arrive enfin. Une fois au terminus, l’orage tropical est bel et bien là. Tout le monde descend et se met aux abris sous deux pas de portes assez larges. Des flots d’eau déroulent la pente vers d’autres ruelles juste en contre bas.

         Une chienne toute famélique arrive et se glisse au plus profond de l’abri. Elle vient de mettre bas et a son petit dans la gueule. Elle le dépose et le lèche.

         Nous, humains, coagulés sous l’abri, trempés, on les regarde, on n’ose plus bouger. Le petit semble inerte. Est-il encore en vie ? Cette question le traverse et reste en suspend sur la toile de son esprit, le regard rivé sur la chienne et son petit. Le temps lui semble long, sous fond des éclats sonores des éléments qui se déchaînent, de l’eau qui gronde dans sa course effrénée.

         Quand tout s’apaise, le petit a frémi et une expiration de soulagement libère sa poitrine.

Il vit, il essaye de trouver un équilibre fragile sur ses pattes. Le soleil revint.

         Les humains s’éparpillent et laissent là la chienne et son petit. Lui reprend le chemin dans le tumulte des hommes. Une heure plus tard, il n’y a aucune trace des flots dans les rues, des débordements impressionnants une heure plus tôt, et la chienne a disparu avec son petit.

Tout semble avoir été mirage et pourtant….

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