Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
AGNES GUYENNON
30 septembre 2023

WOTTEN WAVEN

Wotten Waven

         Il est très tôt en ca matin et le soleil rayonne déjà fort. Non loin du jardin botanique, les bus patientent ; Ils sont venus des montagnes en remplissant le moindre espace de leur véhicule des habitants de la vallée venus travaillés ici en ville.

         Le minibus prend la direction de cette fameuse vallée qui est faite de vallées au cœur de la montagne recouverte d’une végétation luxuriante. On laisse les dernières maisons colorées et la route s’enfonce et grimpe de plus en plus, une route qui, très vite est devenue un vieux souvenir de macadam. Les murets entre ce que l’on peut appeler route et le vide végétal ont souvent disparu, des cratères et surtout des trouées ont même éventré l’asphalte en plaies béantes de l’ancien lit d’empierrement. Dans ce périple chaotique, le chauffeur serpente, habile, tant il connaît les routes des vallées et leurs dangers.

         Enfin, voici le village étiré le long de la route qui continue de grimper. Les poteaux électriques sont tous de guingois quand ce n’est pas à demi ou complètement affaissé, les câbles en équilibres ou à terre, coupés.

         Là, il pose son sac et repart sur le chemin qui mène aux chutes de Trafalgar. La lumière est belle et la chaleur supportable. L’eau ruisselle de partout, court et émerge de dessus comme de dessous la terre. D’un seul coup, il prend conscience que de nombreux crabes galopent de toutes leurs pattes sur les surfaces humides. Il fait moite.

WOTTON WAVEN (14)

         Il passe un deuxième village paisible avant d’entrer dans le parc qui protège les chutes. Deux chutes qui se réunissent dans un bassin naturel d’où jaillissent entre les bouillonnements d’eau, des rochers ;  A gauche le masculin, à droite la féminine. Il se rapproche par les escaliers de bois qui longent la paroi de pierre. Il pénètre toujours plus près. Luxuriance de cette nature fertile, des nuances de verts, des notes blanches fleuries, les oiseaux et les flots. Il prend une grande inspiration comme s’il pouvait en retenir dans un grand souffle d’air les odeurs, les sensations, à l’intérieur de lui.

         Il reste là encore un moment, il retient l’instant jusqu’à ce qu’il sente la piqûre des rayons du soleil. Il est plus de 13h. En chemin, le ciel change rapidement, des nuages viennent le protéger du soleil.

         Sur le retour, il y a des sources chaudes naturelles. Un petit pont de bois et des escaliers qui cheminent entre terre et roche, entre les cratères aux bouillons sonores d’eau ferrugineuse, aux couleurs improbables et à l’odeur acide. Ambiance d’autant plus étrange que le ciel est devenu gris.

         Il s’aperçoit que quelques marches mènent à un bassin ; un tuyau pour que l’eau ferrugineuse remplisse le bassin et d’un autre pour qu’elle s’évacue. L’eau est chaude. Les lieux sont déserts ; il est là comme seul au monde, à l’abri sous une bâche tendue qui fait auvent sur le bassin. Doucement il rentre dans l’eau quand il entend les gouttes de pluie clapoter sur la bâche. Il ressort assez vite de cette masse chaude et s’assoit sur le petit banc. Aux abris, seul dans cet étrange lieu il regarde et écoute cette nature respirer de toute sa force souveraine, maîtresse des éléments.

         La journée de travaille achevée, des hommes reviennent tout terreux au village. La pluie a cessé et ils sont tout sourire. L’atmosphère est à la détente et aux échanges.

         Il retrouve la maison. Il la découvre vraiment à ce moment là. Il y a le gaz mais pas de feu, un frigidaire, … mais pas de prise, ou des prises mais pas d’électricité. Il s’en moque.

WOTTEN WAVEN (1)

         Tout au fond, près du lit, il y a une porte, il ouvre et elle donne sur la vallée et les montagnes, le jardin juste en-dessous, les maisons basses en bois, les toits de taule qu’un habitant revisse.

         Le soleil est revenu et il se met là, face à cette luxuriante aux nuances dont les mots ne peuvent qu’être que des couleurs, le souvenir que dans  la force de l’instant. Quand le soir commence à décliner dans la vallée, le soleil s’embrase dans son coucher.

         Lui, épuisé, s’est endormi dans le filet protecteur de la moustiquaire.

         Mais, durant la nuit, la pluie, et surtout le vent s’est déchaîné. Une violence des éléments, de se sentir une paille fragile au cœur de la nature comme en furie aussi puissante qu’une colère qui rugit sur tous les contreforts des flancs des montagnes et s’engouffre dans les moindres méandres de la vallée. Il pensa aux pylônes en bois et aux câbles, il comprit mieux pourquoi. Il n’osait imaginer lorsque c’était l’ouragan qui sévissait dans ce lieu si beau. Il dormit très mal.

         Au matin, tout est redevenu calme, le soleil rayonnant dans un ciel chafouin. Il ouvre la porte et admire de tous ses sens la vallée. Il est temps de prendre le minibus avec les habitants qui descendent travailler dans la petite ville au bord de mer. Il se remplit au long du chemin jusqu’à ce qui n’y ait plus aucune possibilité d’accueillir à bord quiconque.

         Plus tard, sur le banc, face à l’océan il suit des yeux les petits crabes transparents disparaître sur les rochers imbibés d’eau salée. Il écrit comme pour conjurer le vent de cette nuit.

Le vent emportant

Le temps sur son passage

Jouait dans les arbres

De multiples sons

Autant que la nature

Offrit ici de feuillages

L’air rentre et sort

Avec une certaine force

A travers la grande pièce

La porte ouverte sur le vide

Etend la vue à l’horizon

D’un paysage de luxuriance

Dans la vallée de Wotten Waven.

WOTTON WAVEN (1)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité