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AGNES GUYENNON
30 septembre 2023

Pointe Alègre

Pointe Alègre

         Il se leva aux aurores. Le jour pointait quand il arriva à la gare routière. La moiteur accompagnait le fond de l’air en ce matin déjà chaud. Le bus était peu rempli, mais toutes vitres ouvertes il prit la route. Quant il entendit deux coups secs résonnés. Une vieille dame avait toqué avec une pièce sur un des montants de métal du bus, mais d’autres, plus tard, le firent aussi sur le verre des vitres.

         Il fut le seul à descendre à son arrêt. Il suivit le chemin en direction de la mer et là, les mangues toutes justes tombées durant la nuit s’offraient à lui. Il en prit une bonne dizaine. Il se léchait par avance les babines de leur goût suave et de leur jus parfumé.

         La plage s’étirait entre mer, sable, arbustes de raisiniers et de palmiers. Lui et 2 autres personnes sur cette plage immense. En face un rocher pointant seul en pleine mer. La mer douce et chaude. Cette immensité pour son seul regard, les sensations des vagues sur son corps pour lui seul là dans la mer, un air léger pour adoucir la montée du soleil dans le ciel d’un outremer parfait.

POINTE ALLEGRE (11)

         Il resta un long moment seul avant de se diriger vers le sentier serpentant le long de la côte dans des sous-bois caribéens. Une sérénité protectrice et enveloppante émanait dans cet abri arboré ; La lumière scintillait entre les branches.

         A la sortie du sous-bois, le paysage se transformait en lande balayée par les vents, le soleil éclatant sur cette surface offerte d’herbe rase.

         La mer reprenait toute sa place dans le paysage. Et de gros rochers sombres se dressaient et formaient des escarpements. Doucement, il se rapprocha et ne bougea plus, à l’abri des rochers il observa les pélicans. Certains demeuraient figés et d’autres faisaient des va et vient entre la mer et les rochers, guettant et attrapant les poissons.

         Un petit garçon près de lui admirait de même le ballet des oiseaux.

         Doucement, il s’extirpa des blocs et retourna sur le sentier qui montait légèrement et s’ouvrit sur une grande lande face à la mer et au loin, des habitations d’un petit village. Des vaches paissaient le peu d’herbe encore verte. Une dame se promenait avec son chien gambadant de ci de là. Elle cueillait de grandes fleurs blanches odorantes dans des sortes de bosquets pour sa maison. Née ici, elle avait passée toute sa vie entre le village et la lande et n’aspirait qu’à y demeurer même une fois morte. D’admirer encore et encore l’océan à l’abri des fleurs blanches. Elle poursuivit sa promenade, le chien gambadant, tout deux s’éloignant doucement.

         Juste un peu en retrait, une petite mangrove aux palétuviers denses. Il admira les entrelacs des racines, cette connivence étrange entre les arbres, la clarté de l’écorce, les reflets des feuillages sur l’eau stagnante dans cet espace comme caché du regard des hommes.

         Il revint sur ses pas, le regard sur l’océan, il inspira une grande goulée d’air marin, de cet air qui balaye la lande. Dressé face à lui il expira et remercia ce jour ; son dernier jour ici sur l’île. Il imbiba sa mémoire du plus de détails possibles de ce qu’il voyait, ressentait.

         Il retourna sur la plage immense de sable fin. Les familles, les vacanciers étaient arrivés. Une faune fourmillait et chahutait.

         Il pénétra une dernière fois dans l’eau, chaude, caressé par les écumes blanches de l’océan, le regard rivé sur le rocher sombre pointant dans l’océan sur fond de ciel couleur d’outremer.

POINTE ALLEGRE (10)

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