SAINT MARTIN 2022
Saint Martin
24 h et plus d'anniversaire, dans les airs
Comme la pointe d’un bateau, là sur ce bout de terre,
un bras de mer s’enfile au loin, de l’autre,
l’étendue s’étire avec quelques voiliers amarrés et l’horizon lointain.
Des rochers comme coupés en tranches, dressés de manière désordonnée,
rejoignent l’autre côté de cette pointe, et là plus de bateaux, une marina.
Deux plages, une à l’abri des regards, l’autre ouverte sur la mer
où quatre conques échouées ont été comme sauvées des eaux,
un signe des temps anciens.
De nombreux coquillages jonchent le mélange de sable et de galets.
Le soleil décline sur ce premier soir à St Martin.
Les conques sur une plage posées
En offrande à la mer
L’étendue marine au loin
Des bateaux comme suspendus sur les eaux
Une fleur sanguine sur la terre.
Le lendemain, déambuler dans les rues et ruelles, observer,
se repérer jusqu’à s’écarter vers la grande avenue de Hollande
et découvrir la gare routière.
Enfin savoir comment se déplacer sur l’île et la possibilité d’aller visiter les lieux.
Il fait chaud.
Une pause au frais et je repars sur le bras de la péninsule,
direction Terres Basses.
Dès l’autre côté du pont bleu, un autre univers,
plus pauvre ou moins entretenu, où résonne l’espagnol.
Les maisons deviennent moins denses car avec un peu plus d’espace entre elles.
C’est la baie Nettlé.
Beaucoup de street art, de belles peintures ornent les murs de partout
entre Marigot ce matin et ici la baie.
Quand enfin apparaît l’enseigne de faïence colorée style art déco de la Belle Créole.
Deux voitures sortent du chemin goudronné.
Des herbes hautes et des arbrisseaux l’entourent
mais aussi des déchets jetés au début du chemin.
Plus loin, des chemins bifurquent et je me retrouve au milieu des ruines béantes,
des graffitis, des objets abandonnés ; quelque chose d’inquiétant.
Quand la mer se dresse là, apparaît une petite plage de sable fin,
des rochers forment une piscine marine.
Il y a une petite famille.
L’eau est chaude et chaude.
Je savoure cet instant paisible,
comme protégée par la présence de cette petite famille.
La grande tour de l’ancien hôtel se dresse à droite,
mais surtout je vois un îlet.
Je repars sur le chemin goudronné, entre herbes hautes et arbrisseaux,
Et juste les oiseaux.
En ce nouveau matin, il n’y a plus d’électricité dans la maison.
Je me douche et file à la Marina boire un café en terrasse et profiter de la Wifi.
Puis je remonte jusqu’à la gare routière.
La contrôleuse de la veille est là et on se fait signe.
C’est parti pour la partie Néerlandaise, Philipsburg.
Dans le petit bus, des gens de tous âges, des dames avec des filets dans les cheveux,
tout cela me rappelle des souvenirs tant à la Dominique qu’en République Dominicaine.
J’ai failli faire demi-tour car il n’y a pas de gare routière à Philipsburg.
Ouf, à temps pour rejoindre les ruelles multicolores,
des passages peints et la mer, l'étendue magnifique.
Le soleil commence à être chaud, l’eau aussi.
Le sable est très fin, pourtant très peu de personnes se baignent.
Les couleurs improbables et chatoyantes
Une végétation luxuriante
Un étrange hôtel abandonné
Sur les rives de la mer
Le sable fin devant une enclave de pierre
Qui invite à s’étendre dans les eaux.
Après un bon moment dans la fraîcheur du musée, la joie de visiter
et d’échanger avec le personnel,
je repars visiter la ville qui s’étend autour de la baie.
Je remonte à l’intérieur de la petite ville, là où il y a moins de touristes.
Je déambule un bon moment quand je trouve un petit havre
où viennent les gens du quartier papoter, boire un verre, manger.
Un petit refuge idéal pour se restaurer.
Départ
Par la fenêtre, je scrute de tous mes yeux la route du retour.
Je suis épuisée.
Vendredi matin, la pluie s’est comme abattue avec force
et rapidité à plusieurs reprises.
Je décide d’aller au plus loin que le bus me mènera sur la partie française,
à Quartier d’Orléans.
Là, les lieux ne sont pas très avenants, et encore moins sous la pluie.
Très vite, après le cimetière, il y a les montagnes, les chemins détrempés
par les grosses averses qui mènent à une roche gravée.
Je retourne sur la route et face à la grande montée, je capitule,
me place devant un garage-épicerie et là
une dame aperçue le matin dans le bus vient attendre celui du retour.
Le soleil revient.
Après deux bonnes montées et deux bonnes descentes, là un musée à ciel ouvert
qui donne de l’autre côté de la butée, sur la mer et les lagunes.
Tout près, un ranch. Personne que moi en tant qu’humaine,
juste la nature, la paix, je me ressource.
De nouveau, je me poste en bord de route, après le virage,
et hop avec le bus je me dirige vers Grand Case.
Il n’y a pas beaucoup de monde sur la plage.
De là on voit atterrir les avions qui affleurent l’eau et l’île.
Une pause le corps dans le sable, dans la mer, le soleil, l’ombre.
Plus loin des lolos pour se restaurer de riz et de maïs,
de reprendre un peu de force.
La petite ville butte ensuite sur la montagne
et des maisons protégées par une barrière.
Juste là, des escaliers mènent sur autre plage.
Une immense gousse de flamboyant, belle,
mais voilà je la dépose en offrande sur une pierre.
Sur un terreplein de verdure, un héron blanc, grand.
La veille, un petit se dressait dans la petite rivière de Quartier d’Orléans.
Il fait très chaud.
De ces marques concaves dans la roche,
Traces anciennes des Indiens,
Humbles gravures au flanc de la montagne
Au cœur de la végétation.
La gravure de la pierre Moho gît là
Une immense gousse duveteuse de flamboyant en offrande.
Retour à la maison pour la lessive au lavomatique.
Il n’est pas tard, quand, une fois le linge étendu,
je pars dans les rues au pied du mont Louis de Marigot
puis dans la partie haute.
Samedi sans pluie, à l’aube, direction Pic Paradis.
Le bus me dépose au bas de la montée.
J’attrape un bâton qui va me protéger de la chienne et ses petits, bien agressive.
Puis, au croisement avec Lottery Farm,
un gars me donne des indices pour le parcours.
Il va parfois ramasser des plantes et fleurs médicinales.
Ça grimpe sec quand après avoir passé les dernières maisons d’un hameau,
on se hisse au Pic Paradis.
Les vues sont magnifiques de part et d’autre de l’île.
Pas moyens de repérer les départs des autres sentiers, les crêtes vers Colombier,
le plus facile vers Hope Estate, celui que j’aimerais vers Quartier d’Orléans
rejoindre le chemin détrempé derrière le cimetière de vendredi matin
(une ravine que je n’ai heureusement pas prise).
Juste en rebroussant un peu chemin, là il y a un panneau, le seul balisé.
Et là, entre herbes hautes, arbres, chants des oiseaux, fraîcheur,
j’hume les parfums, je savoure la sérénité dans cette immersion au cœur de la nature.
Quand le sentier commence à descendre sur l’autre pan de la montagne,
il devient plus sec et rocailleux.
Là je rencontre un coureur, des vététistes, des marcheurs,
dont un petit couple, David et Michelle, vraiment très sympa.
Quand se détache dans le paysage un espace avec des bancs, des tables à l’ombre.
L’espace idéal pour un petit pique-nique.
Quand le couple revient sur ses pas, on prend plus de temps à papoter.
Ils repartent et je reste encore un moment à contempler.
La descente se poursuit face à la mer et les lagunes
que j’avais aperçues la veille jusqu’la Baie Orientale.
Du Pic Paradis
Descendre au milieu du végétal
Les herbes hautes au vert tendre
Qui se dressent en toute élégance
Le long du sentier
Puis l’horizon s’ouvre sur la mer et les salines
Des nuances de bleus variés
Entre ciel et eaux
Sous la lumière du soleil presque à son zénith.
Je retrouve la route qui me mène sur la grande voie
où prendre le bus quand une voiture s’arrête
et me propose de me déposer à Marigot au prix du bus.
Quelques courses et je dépose le tout à la maison.
Je fais cuire les œufs.
Je repars, cette fois Friars.
Je me perds un peu et je butte d’un côté à une grande montée direction la balade
vers Pointe Arago, de l’autre à une côte ardue vers la plage et le village même.
Plus de force pour tenter d’un côté comme de l’autre.
Je rebrousse chemin et m’arrête dans un lieu atypique,
excentrique, tenu par une grand-mère.
Dimanche matin, très tôt en piste car la nuit est encore sombre
et la lune gibbeuse dans le ciel.
Il y a déjà du monde dans les rues, dont un groupe de femmes
qui fait de ma marche rapide et deux hommes qui les coachent à vélo.
Un des membres de l’association de trail arrive et on retrouve
un grand nombre de personne devant l’entrée de la Belle Créole.
Sur la route peu de voitures, mais des coureurs,
des cyclistes, des marcheurs, dont nous.
On bifurque sur la Baie rouge, le lever du soleil éclate sur la mer.
La marche dans le sable aller, puis retour, tire sur les cuisses.
On discute et c’est très agréable.
On se dirige vers le Trou David qui est très beau
avant de rejoindre la plage où je me trouvais mercredi après-midi.
Cette fois, on monte sur la jetée déposer nos sacs pour rentrer
ensuite dans l’eau et rejoindre le fameux îlet.
Il y a des cactées aux fleurs roses ou jaunes, des arbustes desséchés,
des crottes de cabris sauvages, des iguanes.
Au milieu de la végétation des vestiges d’habitats dont une léproserie.
Au loin Anguilla. Sur l’autre flanc, Marigot, les déchets aussi de la ville
viennent s’échouer là bien tristement.
Les gens ont prévu des sacs. Au retour, un pélican nous attend sur la jetée.
Un matin, après le lever du jour,
Laissant la lune gibbeuse,
Le ciel flamboyant s’étire.
Le sable à parcourir
Au poids lourd de ses petits grains
Et là, un espace naturel
Terre, roches, rochers, deux orbites
Qui regarde l’un ou l’autre ?
Les eaux se mêlent
Leurs teintes se diffèrent
Une énergie particulière.
Les personnes de l’association sont très sympas,
beaucoup pourrait devenir des amis,
dont deux femmes qui travaillent ensemble.
En tout cas, ont la même philosophie de vie que la mienne.
Le petit îlet sauvage
A la fois une végétation rase,
Des arbustes desséchés, des cactées fleuries,
Des rampantes, des iguanes aussi.
Les vestiges de la léproserie
Minuscule sur ce petit bout de terre.
Au loin Anguilla,
De l’autre pénétrer dans les eaux
Pour revenir sur l’île.
On passe entre les restes du grand hôtel,
rassuré par la présence des uns et des autres.
Chacun a une anecdote sur les lieux. Un mari veilleur de nuit là,
d’autres travaillant la journée, toujours mal à l’aise de venir là,
les bruits, les sensations, quelques choses d’étrange.
Qu’il serait construit sur un ancien cimetière….
C’est fini, les deux collègues me déposent sur la route.
Une bonne douche et je vais manger dans un restaurant dominiquais près du marché.
Rassasiée de riz, légumes, bananes plantains, je file à la gare routière.
Nous sommes sept à monter dans un bus qui travaille
hors la présence des contrôleurs.
A Grand Case, la plage se remplit et je retrouve mon petit endroit avec de l’ombre.
Je détends mon corps après cette matinée de marche dans le grand spa de la mer.
Plus tard, quand je me positionne en attente d’un bus,
il y a de nombreuses voitures de partout, garées, sur la route,
voire même des embouteillages.
Je me prépare à faire du stop, quand le gars de la veille arrive.
Je ne suis pas la seule cette fois dans la voiture.
Ouf, je rentre à Marigot.
Je vais non loin du marché, au bar Arhawak,
à l’abri du soleil boire un bon jus de mangue.
Lundi, de bon matin je croise le frère de la famille où je vis,
Raidon, dans le centre de Marigot, le perd de vue dans une rue
et le retrouve dans le bus.
C’est un des rares bus qui rentre dans Cul de Sac.
Là, j’aperçois l’embarcadère de l’îlet Pinel.
Je rebrousse chemin, et pars en direction du sentier des Froussards que,
je tombe nez à nez avec Michelle du jeune couple rencontré samedi à Pic Paradis.
Elle m’annonce qu’elle vient d’apprendre qu’elle est enceinte.
Quelle belle nouvelle et quelle joie de la revoir.
Plus loin des ânes se repaissent des herbes du bord de la route.
La mer apparaît, puis la déchetterie point de démarrage du fameux sentier.
Je ne vois qu’un chemin raide contre la montagne, ardu, dangereux.
Je grimpe puis, plus haut, que des sentiers sans issus.
Je commence à désespérer.
Surgit alors un coureur, Clément qui trouve près d’un arbre plié
le chemin qui rejoint le sentier.
C’est beau, la roche, les cactus, la mer.
Quand deux anses plus tard, je n’arrive pas à avancer.
Plusieurs tentatives éreintantes, je rebrousse chemin. Au presque bout,
il faut enjamber les rochers jusque vers la plage.
Voilà pourquoi on ne trouvait pas.
Et des gens apparaissent derrière les rochers.
Une fois là où le bus m’avait laissé le matin, un café restaurant très sympa
où la bachata donne une ambiance dominicaine.
Un moment dans ce havre avant de m’offrir la traversée jusqu’à l’îlet Pinel.
Dès le pied posé sur le ponton, la plage est là, plus envie de sortir de l’eau.
Au retour, à peine le pouce tendu, hop,
une voiture me dépose au rond point attendre le bus.
Je ne suis pas seule ; des femmes ont fait pareil pour venir prendre le bus.
A Marigot je retourne à la terrasse du bar Arhawak.
Mardi matin studieux, en visio, puis enregistrement du départ.
Je retourne manger au restaurant dominiquais, faire le tour du marché aussi.
Direction ensuite Grand Case, dernier moment à la plage.
De tous mes sens je profite de ces dernières sensations,
de ces derniers instants sur l’île.
Au retour, je flâne dans les rues de Marigot,
trouve les cadeaux pour la famille.
Un café en terrasse avant de retourner sur la plage des conques
et faire du land art de la mer.
Il est temps de commencer à préparer le sac.
Mercredi matin, il fait encore nuit et je capte le chant des oiseaux,
la mer, la plage.
Je déambule une dernière fois dans les rues et ruelles, le nez au vent,
les yeux grands ouverts, les sens aspirant toutes les sensations.
Le temps d’une douche pour se changer
et revêtir les vêtements pour un retour vers l’hiver.
La taxi du premier jour vient me chercher. A l’aéroport,
un couple de Boston, chaleureux avec qui l’échange est facile.
Devant St Exupéry, la rencontre de Soraya et sa fille
qui arrivent du Maroc, le monsieur du tram qui a entendu notre conversation.
Le beau flamboyant
Comme une calligraphie
S’étire de son feuillage
Tout de finesse, ciselé,
Et les gousses suspendues
Comme des notes de musique
Sur une partition végétale
Hymne à la vie !
Les palmiers frangés
Souples et présents aux vents
Murmurant de drôles de psalmodies
Même la nuit
Parfois je crois entendre la pluie
Mais non le feuillage babille.
Du bon lolo, de chez Rosemary
Aux couleurs créoles de la Dominique
La barrière toute colorée
Près de la mairie
Semblent se faire écho
Dans ces ambiances chamarrées
Je guette le bus sur la route.