SEMAINES et des JOURS PARTICULIERS
SAMEDI
Depuis quelques temps
Cette apparition me perturbait.
En me sondant, j’ai su très vite
Que là, mes sens étaient déroutés.
La crainte de mes ressentis
De mes propres sensations,
Ne pouvaient malgré tout
Eviter l’évidence effrayante,
Celle au parfum du danger.
Je pressentais le danger,
S’énamourer au regard de ce regard,
A la vue de ce que les yeux
Peuvent voir au-delà de ce simple regard.
Défaillir, se sentir défaillir,
Et pourtant refuser
A ce lever tumultueux des émotions.
Et là, le danger est devenu le mien,
Me perdre dans la confusion des sens.
Déjà, je m’impatiente
Et vibre, amoureusement.
DIMANCHE
Rue déserte, le silence
Un dimanche ensoleilé
De l’été
La chaleur entre ciel et rue
Et toi
LUNDI
L’amitié
Se retrouver là, dans le brouhaha et l’agitation,
d’entendre cette chanson, juste un filet,
et ensemble fredonner,
puis chanter.
Juste percevoir nos voix et nos regards.
MARDI
Froid, sensation de froideur grandissant à l’intérieur de soi,
prenant sa source en un point inconnu,
irradiant avec rapidité dans tout son corps.
Comment arrêter son flux,
comment réchauffer son être,
quand le froid a pris naissance en lui.
Instinctivement, se replier sur son corps,
en position de lotus,
espérer trouver cette chaleur qui s’enfuit.
Impuissante lutte,
sursis de cette présence de vie, toute de froidure.
La vie, la chaleur se retirent,
sensation glacée du sang dans les veines,
les muscles absents.
La grippe a pris tout mon corps.
MERCREDI
Le bus se positionne à son arrêt.
Les portes s’ouvrent, laissant le flot des passagers s’échapper.
Tout au fond, je me cale dans le fauteuil.
Il fait nuit, une nuit bien sombre.
Sur les vitres, la surface noire reflète le feu des lumières
qui suit le mouvement du bus.
Mon esprit s’égare sur ce défilement, entre pupilles et reflets.
Le bus va vite, par secousses saccadées jusqu’à son terminus.
JEUDI
Succession de passages cloutés,
puis on passe sous le pont de la gare, entre les rails.
On file sous les jets de lumière bleue
pour s’enfoncer alors dans le sombre de la rue.
Un peu plus haut, un peu plus loin, j’ai RV.
Le temps de marcher, je respire,
je reprends le chemin de mes pensées et de mes réflexions,
car je sais que lorsque j’aurai poussé la porte,
pendant deux heures ou plus, plus rien ne va compter,
il n’y aura vraiment que la musique et la danse.
VENDREDI
Chaleur, instant magique d’un possible qu’on sait multiple.
Et soudain, une fenêtre s’ouvre sur un torse mâle, nu, d’un inconnu.
Et déjà les pensées virevoltent sur la chair.
Marcher le long du Rhône,
Aborder un barbelé en forme de treille ajourée
Sur lequel sont accrochés plein de petits cadenas.
Etrange, étrange !!
PLUS TARD
Le cuir chevelu devient humide,
Suinte même, d’abord du haut de la tête,
Puis la sueur descend et s’étend sur tout le front
Toute la tête, tout le visage devient moite.
Je ne vois pas, mais je ressens
Ma peau toute pourpre
Luisant sous l’effort et la chaleur
Le souffle prend présence
Dans tous mes poumons,
Au plus profond de mes veines
Et il emplit de sa musique
Mes oreilles, au son de
L’inspire et de l’expire.
Le mouvement, la chaleur, la moiteur.
Je cours.
JEUDI soir et VENDREDI se poursuit
Au milieu des escaliers, une rembarde de métal. Tout du long, des dessous,
strings, culottes, boxers, soutiens-gorge, bas, collants, …
tout un attiraille hétéroclite de dessous féminins est noué
de haut en bas de la rembarde des escaliers.
Avec ou sans motifs, unis ou non, colorés ou noirs….
Je reste quelques secondes, interloquée.
Un homme, jeune, est là, avec son VTT,
au haut des escaliers.
Va t’il s’élancer sur son destrier de métal
et attraper au vol quelques lingeries
en guise de trophées ou de pompons de manège ?
Je me tourne vers lui, prête à lui poser la question,
et lui a le regard fixe en direction de cette étrange scène.
Une voix alors me coupe l’élan de la parole.
Un homme, que je n’avais pas encore remarqué est assis,
là, à l’abri de la margelle d’un léger renforcement.
C’est lui qui a accroché les sous-vêtements.
Ceux de sa copine, de son ex-copine.
Il ne veut plus la voir, il ne veut plus les voir. Alors, …
Je souris.
PS : A 1 h du matin, la pluie, fine,
est tombée le temps d’être plus loin à danser.
L’homme n’est plus là, mais les dessous si.
Un peu mouillés,
et donnent un étrange spectacle
entre la lumière des lampadaires,
des reflets sur les gouttes.
Quelques dessous ont disparu.
A 7 h 30, en partant travailler, ils sont là, secs,
et un peu moins nombreux qu’à 1 h.
Des fétichistes ???
13 h.Une lumière blanche illumine les escaliers
et le spectacle est encore en scène.
La fin arrive.
SAMEDI matin
Les bagages sont prêts.
Le printemps a déserté le ciel.
Mars et ses giboulées jouent les instables.
L’humide est de retour.
Pourtant nous sommes bien en mai.
Au revoir maison.
Partir le temps du week-end, être ailleurs.
Le plaisir du train avec la sensation de partance,
le mouvement sur les rails,
les images rapides derrière les fenêtres.
Plus loin, dans la vallée du Rhône,
les amandiers se dressent tout fleuris.
Je languis de sortir du train et humer les parfums.
J’imagine, je ferme les yeux….
Et j’entends de la musique,
les Blacked Eyed Peas, « Missing you »….
Jeudi AM
Je déambule sur les chemins d’internet.
Les voies étranges qui se trament, tissent entre les différents réseaux.
Etranges voies que l’on croit maîtriser
pour insérer telle ou telle photo, diapo, info …
Jusqu’au jour où, comme la plupart d’entre nous,
j’ai tapé un premier nom,
puis un second, et j’ai tenté le dieu internet pour savoir si ….
Sourire à de drôle de retrouvailles,
à l’apparition de tel ou tel nom.
Et puis, là en ce vendredi, tout un pan de ma vie,
de mes souvenirs a basculé.
L’être que j’ai le plus aimé, dont je n’ai aucune photo,
d’un seul coup apparaît là,
face à moi, en grand, sur l’écran.
Plus de 10 ans se sont passés
et je ne le reconnais pas.
L’image de mes souvenirs est floutée
et ne ressemble en rien au visage comme à mes émotions.
Le temps bascule, tout en moi est chamboulé.
Oh toi que j’ai tant aimé.
Toi, qui est tout un pan de mon passé,
de mon histoire….
Je ne te reconnais pas.
Quelque part, tous mes souvenirs,
tout ce qui pouvait être demeuré en suspend,
perd de sa teneur.
Ton image, mes souvenirs,
mes attentes, mes sensations,…
sorte de démystification, libératrice et si troublante.
De toi, amour de ma vie.
Je télécharge sans problème ta photo.
Tu es là, enfin accessible, dans ma clé USB.
Je te tiens précieusement.
Quelque part, dans ce virtuel, tu n’es plus,
ou en fait tu es enfin, INCARNE.
Tu n’es plus l’image de mes souvenirs,
le fond de mon histoire émotionnelle,
tu es VISIBLE.
Visible à mes yeux, incarnant ces émotions si intenses …
et le PRESENT ratisse tout cela.
Et le présent est là, bien là…
« One tribe » des Black Eyed PEAS résonne.